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Épidermolyse bulleuse héréditaire

4 mars 2019, par BORGES A. S.

1 - REMERCIEMENTS

Ce chapitre a été écrit grâce à l’aide de l’EADV, de la Fondation René Touraine et de Thérapeutique Dermatologique.

2 - PRÉSENTATION

L’épidermolyse bulleuse héréditaire (EB) est un groupe hétérogène de maladies génétiques rares caractérisées par une fragilité de la peau et/ou des membranes muqueuses ; elle peut être locale ou généralisée.

L’EB est caractérisée par une corrélation génotype/phénotype complexe car des mutations affectant le même gène peuvent être à l’origine de phénotypes plus ou moins sévères de la maladie. Elle peut se manifester par une vésication modérée limitée, principalement au niveau de sites de prédilection exposés mécaniquement, comme les mains et les pieds, et elle peut parfois ne pas se manifester avant la fin de l’enfance ou l’adolescence. Inversement, elle peut se manifester par une atteinte extensive, généralisée, pluri-organique et létale et être présente dès la naissance.

3 - SIGNES ET SYMPTÔMES

Cliniquement, on observe des vésicules induites mécaniquement ainsi que des érosions, ulcérations, croûtes et cicatrices atrophiques secondaires.

Certaines formes spécifiques de la maladie sont associées à d’autres signes cutanés (atteinte des ongles, alopécie, hyperpigmentation, kératodermie palmo-plantaire) ou à des atteintes extra-cutanées (dystrophie musculaire ou atrésie pylorique).

De plus, dans les formes généralisées sévères, l’ampleur et la chronicité des lésions, ainsi que l’atteinte muqueuse, peuvent déboucher sur des complications systémiques : malnutrition, douleur, contractures articulaires, inflammation chronique et carcinome épidermoïde de la peau, ce qui entraîne une morbidité et une mortalité importantes.

4 - QUI EST AFFECTÉ ET QUELLES SONT LES CAUSES ?

La maladie est due à des mutations affectant des gènes qui codent différentes protéines participant principalement à l’intégrité structurelle et fonctionnelle de l’adhérence intra-épidermique ou de l’ancrage dermo-épidermique. Jusqu’à présent, des mutations touchant 20 gènes ont été identifiées et sont aussi exprimées dans d’autres organes épithélialisés (tractus gastro-intestinal, respiratoire, génito-urinaire) et mésenchymateux (squelette, muscles).

La classification de l’EB compte quatre groupes définis en fonction du niveau de clivage de la peau : l’EB simple, l’EB jonctionnelle, l’EB dystrophique et le syndrome de Kindler.

L’EB simple est la forme la plus fréquente (75-85 % des cas) et elle résulte le plus souvent de mutations des gènes codant la kératine 5 ou 14. Les vésicules ayant tendance à se former au sein de l’épiderme, les lésions tendent à cicatriser sans scarification. Chez la plupart des patients atteints d’EB simple, la maladie est à transmission autosomique dominante, mais des formes rares à transmission autosomique récessive ont été décrites.

Le mode de transmission de l’EB jonctionnelle est principalement autosomique récessif. Le plan de clivage est situé à la jonction de l’épiderme et du derme et couvre un large spectre pathologique, d’une maladie sévère potentiellement mortelle à une atteinte relativement légère.

L’EB dystrophique résulte de mutations du gène codant le collagène de type VII, et est à transmission dominante ou récessive. Les mutations entraînant la perte de la protéine complète sont associées à des formes sévères généralisées de la maladie caractérisée par une fragilité cutanée extrême, une scarification excessive, des contractures articulaires, une pseudosyndactylie, des mutilations, une atteinte sévère des membranes muqueuses et des complications telles que la malnutrition, la dystrophie et le retard de croissance. Des mutations hétérozygotes avec expression résiduelle de la protéine débouchent sur des manifestations moins sévères.

Le syndrome de Kindler, un sous-type rare d’EB héréditaire, est à transmission autosomique récessive et résulte de mutations de FERMT1, qui code pour la protéine kindling-1, un composant des contacts d’adhérence dans les kératinocytes basaux. Il se caractérise à la fois par une fragilité cutanée et la formation de vésicules au niveau des extrémités (dès la naissance, et s’amenuisant avec l’âge) et par une poïkilodermie et une photosensibilité persistantes.

5 - DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

Une suspicion clinique d’EB est confirmée par analyse immunohistochimique d’une biopsie cutanée dans des centres spécialisés, visant à déterminer le niveau de clivage et la protéine déficiente. Cette première étape peut être suivie d’une analyse génétique.

Il n’existe actuellement aucun traitement curatif de l’EB.

6 - CONSEILS DE PRISE EN CHARGE

L’EB exige une prise en charge pluridisciplinaire médicale, psychologique, sociale et des soins infirmiers. Ce type de prise en charge est assuré de manière optimale par un réseau spécialisé intégrant des centres de référence et des soignants travaillant quotidiennement. L’objectif du traitement est de prévenir et traiter les lésions grâce à des pansements non adhérents spécifiques, et de prévenir, détecter et traiter les complications, comme les infections et les cicatrices. Il est essentiel de ne pas traumatiser la peau (bandages, frictions, etc.).

Les patients souffrant de formes plus sévères et généralisées sont exposés à un haut risque de carcinome épidermoïde s’installant dans les plaies chroniques d’EB.

La thérapie génique ou le traitement de substitution protéique ou cellulaire, la greffe allogène de moelle osseuse, de sang de cordon ou de cellules souches pluripotentes sont en cours d’évaluation.

7 - RÉFÉRENCES

1. Laimer M, Prodinger C, Bauer JW. Hereditary epidermolysis bullosa. J Dtsch Dermatol Ges. 2015 Nov ;13(11):1125-33. doi : 10.1111/ddg.12774.

2. Fine JD, Mellerio JE. Extracutaneous manifestations and complications of inherited epidermolysis bullosa : part I. Epithelial associated tissues. J Am Acad Dermatol. 2009 Sep ;61(3):367-84 ; quiz 385-6. doi : 10.1016/j.jaad.2009.03.052

3. Fine JD, Bruckner-Tuderman L, Eady RA, Bauer EA, Bauer JW, Has C,et al. Inherited epidermolysis bullosa : updated recommendations on diagnosis and classification. J Am Acad Dermatol. 2014 Jun ;70(6):1103-26. doi : 10.1016/j.jaad.2014.01.903.

4. Fine JD, Mellerio JE. Extracutaneous manifestations and complications of inherited epidermolysis bullosa : part II. Other organs. J Am Acad Dermatol. 2009 Sep ;61(3):387-402 ; quiz 403-4. doi : 10.1016/j.jaad.2009.03.053.

5. Kiritsi D, Nyström A. Recent advances in understanding and managing epidermolysis bullosa. F1000Res. 2018 Jul 17 ;7. pii : F1000 Faculty Rev-1097. doi : 10.12688/f1000research.14974.1. eCollection 2018. Review.

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